C’est le jour anniversaire de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821, à Longwood, à Sainte Hélène, à l’âge de 51 ans. Cet après-midi, Macron doit prononcer un discours à l’Institut de France, célébrant, ou simplement rappelant cet évènement. On verra sa version de l’Histoire… Quelques heures après, il a parlé, en équilibriste, comme toujours : Napoléon :  «  ni exalté, ni exécré » …Macron « a commémoré, mais n’a pas célébré » …. Macron dit : « Napoléon est une partie de nous, une partie de France… de l’empire, on a oublié le pire, de l’empereur on a gardé le meilleur ! ». Il est de fait que, quoiqu’on dise,  Napoléon est le Français le plus connu, et le plus apprécié dans le monde…Apparemment plus en France

Sa synthèse se résume en une formule : « Napoléon est, en même temps, l’Aigle et l’Ogre ».

On est décidément loin des propos de Georges Pompidou, en 1969, célébrant sa naissance : « Parti de rien, démuni de tout, il a tout entrepris »…

C’est Nietzsche, encore une fois, qui résume le mieux la situation et l’état d’esprit de ces débats sur Napoléon : « il fut la synthèse parfaite de l’inhumain et du surhumain »…

Inaugurazione degli Stati Generali, 5 maggio 1789, olio su tela, 400 x 715 cm, Versailles, Musée national du château et des Trianons

Pour les amoureux d’histoire, ce n’est pas le seul évènement marquant d’un 5 mai, puisque le 5 mai 1789, à Versailles, le roi Louis XVI préside l’ouverture des Etats Généraux qui rassemblent pour la première fois depuis 175 ans les députés des 3 Ordres du royaume : le clergé, la noblesse, et le Tiers-Etat

Ce n’est pas tout, car un grand ami, et grand trompettiste, me rappelle qu’il y a 100 ans, le Jazz débarquait en France, à Bordeaux !

Les Bordelais, les premiers en Europe, découvraient en effet cette musique nouvelle, révolutionnaire, jouée par les nombreux soldats noirs descendants d’esclaves stationnés en Gironde. A l’époque ils sont 100000 américains à s’installer à Bordeaux, notamment dans le secteur de Bassens

Ces « labour bataillons » de soldats noirs n’avaient pas la possibilité d’aller combattre sur le front, pour des raisons de racisme des officiers américains. Ils vont emmener dans leur sillage des progrès de civilisation, et notamment le jazz, ou plus exactement un de ses fers de lance, le « ragtime ». Les tout premiers concerts de jazz identifiés se seraient déroulés il y a 100 ans, joués par le 808° régiment Stevedore, et particulièrement par le lieutenant afro-américain et pianiste James Reese

Le jazz est alors apprécié comme « le fruit défendu de la liberté » qui transite par les ports fréquentés par les troupes américaines, notamment Nantes et Brest

Beaucoup, réunis au sein de l’association « Mémoires et Partages » proposent de réfléchir sur les héritages musicaux de cette présence en lien avec l’histoire de l’esclavage

J’ai trouvé intéressant-à la faveur du calendrier- de relier ces deux évènements-la mort de Napoléon et l’arrivée du jazz, au moment même où l’on accuse l’empereur d’avoir promu l’esclavage, en oubliant simplement que, sans ce rétablissement certes triste, les Antilles françaises seraient probablement passées sous pavillon britannique !