L’art ravit, l’art ravive, l’art fait revivre…

Puisque l’on parle « art », impossible de ne pas évoquer l’anniversaire de ce jour, à savoir la mort, le 29 mars 1794, de Condorcet- que beaucoup qualifient de « génie oublié, lumière de l’esprit humain » et souvent considéré comme le père des statistiques- dont je retiens pour ma part cette proposition d’une justesse fulgurante : 

 L’instruction … consiste…  À « apprendre à des élèves qui deviendront des citoyens difficiles à gouverner »                               

Il en faut de l’optimisme, de l’opiniâtreté même, pour pratiquer cette instruction préconisée par Condorcet, et pour garder un fragile moral au moment même où un collectif de 41 médecins, notamment réanimateurs et urgentistes chargés de la gestion de crise, mettent en garde dans le JJD en déclarant, bientôt, « nous serons contraints de faire un tri des patients »… Soyons francs,  ce tri a déjà commencé puisque des déprogrammations médicales et chirurgicales importantes ont déjà été imposées, et qu’elles sont associées à des pertes de chances et des non-accès aux soins pour certains patients 

Ils concluent gravement : « nous ne pouvons rester silencieux sans trahir le serment d’Hippocrate que nous avons prêté un jour » …

En cette période de crise, l’art est vital. C’est pourquoi, avoir au départ fermé les lieux de culture, classé les librairies parmi les activités non essentielles, était humainement à la fois insupportable et erroné !

On reparle de « nose-art », vous savez cette forme d’art, durant la dernière guerre mondiale, qui consistait à peindre le « nez » des avions, geste à la fois esthétique et porteur de solidarité entre les pilotes. Ils gardaient le sourire, le moral, en quelque sorte l’humanité grâce au « nose-art »

On ne peut non plus s’empêcher de penser au « nez de l’Ever green », ce bateau qui bloque le canal de Suez depuis plusieurs jours ! Il bloque en effet le trafic maritime mondial-300 bateaux sont en attente- et prive l’Egypte de l’une de ses principales ressources : 12 à 14 millions $/jour (soit entre 500 et 700000 $/ navire). Début de bonne nouvelle ! le « nez » du bateau a précisément bougé … Comme quoi, quand on a le nez face au vent…  « Ça permet de garder les yeux sur l’horizon ». En fin de journée, on entend avec soulagement que le canal de Suez est réouvert : le bateau qui l’obstruait a enfin été remis à flot…Ouf ! certains craignaient le pire, même une pénurie de papier-toilette

Puisse l’art ne pas se limiter aux « nez des avions et des bateaux », car il faut en avoir du nez dans la vie. En effet, quand on n’a pas de nez, « toutes les fleurs paraissent en papier » …